Envoyé au Bangladesh
pour sauver le fils d'un trafiquant de drogue qui a été enlevé, un mercenaire
aguerri, Tyler Rake, réalise combien sa mission s'avère dangereuse et
bouleversante.
Tyler Rake s’inscrit
dans le courant récent du cinéma d’action américain qui consiste à s’inspirer
de son équivalent indonésien ayant marqué les esprits ses dernières années par
sa virtuosité et férocité. Les deux volets de The Raid de Gareth Evans (2011 et
2014) sont les étendards de cette tendance et ont assez rapidement fait des
émules aux Etats-Unis avec la série des John
Wick (2014, 2017 et 2019), Atomic
Blonde (2017) et donc ce Tyler Rake.
Tous ces films ont la particularité d’être réalisé par des cascadeurs, ce qui
occasionne des spécificités formelles et défauts communs. Le point principal
est la mise en avant du morceau de bravoure d’action au détriment de la
narration. La progression narrative et la caractérisation de personnages
peuvent bien sûr fonctionner dans une forme de mouvement permanent chez les
meilleurs cinéastes d’action comme John McTiernan ou James Cameron.
Le problème
est différent ici puisque la scène d’action est pensée comme une simple démo
technique et pas comme une façon de faire avancer l’histoire, la virtuosité de
l’action en tant que telle étant le seul objectif des cascadeurs/réalisateurs.
Les John Wick compensent cela par leur univers ludique, le charisme de Keanu
Reeves et un récit minimaliste qui fait de chaque scène d’action une sorte d’installation
artistique abstraite fétichisant la mise à mort graphique. C’est déjà plus
problématique dans Atomic Blonde dont le cadre d’espionnage tourne à vide et semble seulement être un véhicule pour
Charlize Theron, et n’existe que pour sa longue scène de bagarre en
plan-séquence.
On en arrive donc à ce Tyler
Rake dont le propos se veut plus profond avec ce récit de sauvetage et de
rédemption du mercenaire incarné par Chris Hemsworth. Le scénario (adapté du comic Ciudad d’Ande Parks) lorgne fortement sur le Man on Fire de Tony Scott (2004),
cinéaste peu avare d’effets mais (à ce stade de sa carrière et sur ce film en
tout cas) toujours au service des personnages. Le problème de Sam Hargrave
(cascadeur aussi donc) dont c’est le premier film est qu’une nouvelle fois la
narration/caractérisation passe par le dénominateur le plus simpliste et
surtout de manière totalement détachée de l’action qui en apparait alors bien
creuse. Tyler Rake traîne un trauma lourdement amorcé tout au long du film par
un insert flouté surgissant à bon escient, dont l'explication intervient dans
une longue scène de dialogue en plan fixe et la résolution par l’insert dont l’image
se fait plus nette durant le final. Jamais cet aspect ne s’imbrique à une
action par ailleurs pas si impressionnante que cela si ce n’est un long
plan-séquence en milieu de film. Les velléités réalistes empêchent les
extravagances les plus folles des John
Wick, le manque d’implication émotionnelle nous laisse extérieur aux
évènements et le spectacle n’est pas assez novateur (chose dont pouvait se
targuer le modèle The Raid malgré ses défauts) pour être mémorable.
Dès lors l’ensemble se suit mollement et il faut tout le
charisme de Chris Hemsworth pour maintenir l’attention. Le cadre inédit du
Bengladesh apporte un arrière-plan inédit à un type d’histoire que l’on a plus
l’habitude de voir au Mexique ou en Amérique du Sud mais là aussi passé
quelques plans d’ensemble, la patine numérique et le studio donne
malheureusement un petit côté factice. Pourtant marier cette nouvelle
esthétique d’action de manière pensée pensé n’est pas impossible puisque les frères Russo
(au scénario et à la production) le firent dans le cadre corseté de Marvel avec
leur Captain America : The Winter Soldier (2014) et Captain America :Civil War (2016) où Sam Hargrave était cascadeur, et seulement cascadeur.
Pas très convaincant donc et donnant envie que cette mode de la « démo
technique » passe vite.
Disponible chezNetflix
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