Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 2 mai 2020

Red Paper Lantern - Aka chôchin, Toshiya Fujita (1974)

Toshiya Fujita est essentiellement connu en occident pour les deux chambarra au féminin de Lady Snowblood avec Meiko Kaji, mais bien que figurant parmi ses plus gros succès ces œuvres ne sont guère représentatives de sa filmographie. Après des études universitaires, Fujita entre à la Nikkatsu au milieu des années 50 et y gravira les échelons en occupant tous les postes (scénariste, directeur photo, assistant réalisateur) avant de passer à la réalisation en 1967 avec Hikō shōnen: Hinode no sakebi. Ce premier film qui lui vaudra plusieurs récompenses pose déjà son thème de prédilection autour de l'observation d'une jeunesse à la dérive. Un des talents de Fujita est de rester un exécutant de la Nikkatsu tout en creusant toujours un sillon personnel.

Ainsi alors que la mode est aux films sukeban (soit les délinquantes juvéniles souvent à moto), il se plie à l'imagerie pop attendue tout en poursuivant sa réflexion sur la jeunesse dans le deuxième volet de la saga à succès des Stray Cat Rock, Stray Cat Rock : Wild Jumbo (1970) dont il signe aussi le scénario. Il en va de même quand la Nikkatsu prendra le virage Roman Porno et que là aussi tout en se pliant au cahier des charges érotique il signera des œuvres qui lui ressemble comme Le Doux Parfum d'Eros (1973). Fort de ce crédit il bénéficiera de plus de liberté dans les productions de films "classiques" comme ce Red Paper Lantern qui constitue le premier volet ce que l'on nomme la "Folk Song Trilogy" au sein de son œuvre.

L'histoire suit le destin du jeune couple précaire formé par Yukie (Kumiko Akiyoshi) et Masayuki (Kenji Takaoka). Dès la scène d'introduction, on comprend bien que c'est leur dénuement respectif qui les réunit puisque Yukie passe la nuit chez Masayuki par nécessité, sans qu'il y ait de romance ni même d'aventure éphémère. C'est lorsque Yukie perd ses économies et que Masayuki est expulsé de son appartement que s'amorce la romance, avant tout justifiée par ce besoin d'entraide. Le couple vit précocement plusieurs rudesses de l'existence que le récit rythme au gré de leurs différents déménagements. A chaque étape ses joies et ses peines, l'occasion de mieux connaître l'autre dans ses bons comme détestables côtés. Fujita observe ainsi l'immaturité du couple pas prêt à cette vie commune et cédant à un machisme idiot pour Masayuki, et à une naïveté maladroite avec Yukie. Malgré ces hauts et ces bas, tous deux finissent toujours par se retrouver et cette réconciliation débouche sur un changement de logis.

Là Fujita les confrontent aux maux extérieurs qui peuvent être sociétaux et spécifiquement japonais (notre couple qui ne rentre pas dans le rang avec sa parentalité précoce et subit la vindicte des voisins), les mauvaises rencontres/tentations et même le poids du destin avec le passif de leur nouvel appartement au loyer aussi avantageux que suspect. Le regard des autres comme le leur encore trop tendre ne les préparent donc pas aux responsabilités. Fujita accompagne son charismatique duo d'acteurs à travers une mise en scène sobre et des situations terres à terre, avant de faire céder la digue mentale de façon inattendue lors de la conclusion pleine d'amertume pour un énième et douloureux départ. Un bel instantané de la jeunesse japonaise d'alors, pas sans rappeler par certains points le manga Lorsque nous étions ensemble de Kazuo Kamimura publié durant la même période. Fujita poursuivra le cycle avec Younger Sister (1974) et Virgin Blues (1974) où l'on retrouve Kumiko Akiyoshi en héroïne.

Sorti en dvd zone 2 japonais 

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