Toshiya Fujita est essentiellement connu en occident pour les deux chambarra au féminin de Lady Snowblood
avec Meiko Kaji, mais bien que figurant parmi ses plus gros succès ces
œuvres ne sont guère représentatives de sa filmographie. Après des études
universitaires, Fujita entre à la Nikkatsu au milieu des années 50 et y
gravira les échelons en occupant tous les postes (scénariste, directeur
photo, assistant réalisateur) avant de passer à la réalisation en 1967
avec Hikō shōnen: Hinode no sakebi. Ce
premier film qui lui vaudra plusieurs récompenses pose déjà son thème de
prédilection autour de l'observation d'une jeunesse à la dérive. Un des
talents de Fujita est de rester un exécutant de la Nikkatsu tout en
creusant toujours un sillon personnel.
Ainsi alors que la mode est aux
films sukeban (soit les délinquantes juvéniles souvent à moto), il se
plie à l'imagerie pop attendue tout en poursuivant sa réflexion sur la
jeunesse dans le deuxième volet de la saga à succès des Stray Cat Rock, Stray Cat Rock : Wild Jumbo
(1970) dont il signe aussi le scénario. Il en va de même quand la
Nikkatsu prendra le virage Roman Porno et que là aussi tout en se pliant
au cahier des charges érotique il signera des œuvres qui lui ressemble comme Le Doux Parfum d'Eros (1973). Fort de ce crédit il bénéficiera de plus de liberté dans les productions de films "classiques" comme ce Red Paper Lantern qui constitue le premier volet ce que l'on nomme la "Folk Song Trilogy" au sein de son œuvre.
L'histoire
suit le destin du jeune couple précaire formé par Yukie (Kumiko
Akiyoshi) et Masayuki (Kenji Takaoka). Dès la scène d'introduction, on
comprend bien que c'est leur dénuement respectif qui les réunit puisque
Yukie passe la nuit chez Masayuki par nécessité, sans qu'il y ait de
romance ni même d'aventure éphémère. C'est lorsque Yukie perd ses
économies et que Masayuki est expulsé de son appartement que s'amorce la
romance, avant tout justifiée par ce besoin d'entraide. Le couple vit
précocement plusieurs rudesses de l'existence que le récit rythme au gré
de leurs différents déménagements. A chaque étape ses joies et ses
peines, l'occasion de mieux connaître l'autre dans ses bons comme
détestables côtés. Fujita observe ainsi l'immaturité du couple pas prêt à
cette vie commune et cédant à un machisme idiot pour Masayuki, et à une
naïveté maladroite avec Yukie. Malgré ces hauts et ces bas, tous deux
finissent toujours par se retrouver et cette réconciliation débouche sur
un changement de logis.
Là Fujita les confrontent aux maux extérieurs
qui peuvent être sociétaux et spécifiquement japonais (notre couple qui ne rentre pas dans le rang avec sa parentalité précoce et
subit la vindicte des voisins), les mauvaises rencontres/tentations et
même le poids du destin avec le passif de leur nouvel appartement au
loyer aussi avantageux que suspect. Le regard des autres comme le leur
encore trop tendre ne les préparent donc pas aux responsabilités. Fujita
accompagne son charismatique duo d'acteurs à travers une mise en scène
sobre et des situations terres à terre, avant de faire céder la digue
mentale de façon inattendue lors de la conclusion pleine d'amertume pour
un énième et douloureux départ. Un bel instantané de la jeunesse
japonaise d'alors, pas sans rappeler par certains points le manga
Lorsque nous étions ensemble de Kazuo Kamimura publié durant la même
période. Fujita poursuivra le cycle avec Younger Sister (1974) et Virgin Blues (1974) où l'on retrouve Kumiko Akiyoshi en héroïne.
Sorti en dvd zone 2 japonais
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