Younger sister est le deuxième volet de la "Folk song trilogy" de Toshiya Fujita après Red Paper Lantern et explore une autre facette des questionnements de la jeunesse japonaise d'alors. Red Paper Lantern
confrontait de jeunes mariés à des responsabilités pour lesquelles ils
n'étaient pas prêts, cette instabilité s'illustrant par leurs multiples
déménagements. Dans Younger Sister cela
passe à l'inverse par un refus de grandir qui s'exprime pour les
personnages par un constant retour au foyer de leur enfance. Le film
s'ouvre sur Neri (Kumiko Akiyoshi) revenant vivre avec son frère Akio
(Ryûzô Hayashi) dans la demeure de leurs parents défunts après avoir
quitté son petit ami. Ce foyer est celui du souvenir, du refuge et
chacun peut retrouver celle qui compte le plus, celui qui sera toujours
là pour l'autre.
Fujita tisse un cocon tendre et bienveillant où un
simple regard, une attention furtive, exprime sans forcer l'affection et
la complicité (notamment la nudité décomplexée l'un face à l'autre) qui
lie la fratrie. En dehors ce sont des êtres perdus et instable,
notamment avec le fil rouge du récit quant à ce qu'est réellement devenu
l'ex petit ami introuvable de Neri. Les personnages s'égarent donc,
adoptent des attitudes discutables (Akio lourdement insistant avec sa
belle-sœur (Yumiko Fujita)) et surtout semblent incapables de fixer un
cap intime ou professionnel à leur vie d'adulte. Il y a cette dimension
de retour constant au foyer pour Neri mais aussi le refus d'en partir
avec Akio s'opposant aux promoteurs immobiliers qui veulent lui racheter
la maison.
On retrouve tout comme dans Red Paper Lantern
ce Japon prolo et populaire l'on a peu l'habitude de voir au cinéma.
Quartiers de périphérie désertiques, station de métro insalubre, bordure
de plage crasseuses, tout cela s'avère dépaysant dans le sens le plus
authentique du terme (et assez caractéristique des productions de la
Nikkatsu semble-t-il) et superbement saisi par Fujita. L'intrigue (comme
le film précédent) navigue sans trame précise au gré des errements des
personnages jusqu'au final où, en cherchant enfin à s'émanciper de ce
foyer, ils signent finalement leur perte. Sans lieu de retrouvailles, ne
reste plus que l'errance et un espoir ténu. Un très beau film encore
plus réussit que Red Paper Lantern, porté
par une interprétation touchante dont notamment Ryûzô Hayashi épatant en
grand frère bourru et Kumiko Akiyoshi, attachante cadette instable.
Sorti en dvd zone 2 japonais
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