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lundi 4 mai 2020

Younger Sister - Imôto, Toshiya Fujita (1974)

Younger sister est le deuxième volet de la "Folk song trilogy" de Toshiya Fujita après Red Paper Lantern et explore une autre facette des questionnements de la jeunesse japonaise d'alors. Red Paper Lantern confrontait de jeunes mariés à des responsabilités pour lesquelles ils n'étaient pas prêts, cette instabilité s'illustrant par leurs multiples déménagements. Dans Younger Sister cela passe à l'inverse par un refus de grandir qui s'exprime pour les personnages par un constant retour au foyer de leur enfance. Le film s'ouvre sur Neri (Kumiko Akiyoshi) revenant vivre avec son frère Akio (Ryûzô Hayashi) dans la demeure de leurs parents défunts après avoir quitté son petit ami. Ce foyer est celui du souvenir, du refuge et chacun peut retrouver celle qui compte le plus, celui qui sera toujours là pour l'autre.

Fujita tisse un cocon tendre et bienveillant où un simple regard, une attention furtive, exprime sans forcer l'affection et la complicité (notamment la nudité décomplexée l'un face à l'autre) qui lie la fratrie. En dehors ce sont des êtres perdus et instable, notamment avec le fil rouge du récit quant à ce qu'est réellement devenu l'ex petit ami introuvable de Neri. Les personnages s'égarent donc, adoptent des attitudes discutables (Akio lourdement insistant avec sa belle-sœur (Yumiko Fujita)) et surtout semblent incapables de fixer un cap intime ou professionnel à leur vie d'adulte. Il y a cette dimension de retour constant au foyer pour Neri mais aussi le refus d'en partir avec Akio s'opposant aux promoteurs immobiliers qui veulent lui racheter la maison.

On retrouve tout comme dans Red Paper Lantern ce Japon prolo et populaire l'on a peu l'habitude de voir au cinéma. Quartiers de périphérie désertiques, station de métro insalubre, bordure de plage crasseuses, tout cela s'avère dépaysant dans le sens le plus authentique du terme (et assez caractéristique des productions de la Nikkatsu semble-t-il) et superbement saisi par Fujita. L'intrigue (comme le film précédent) navigue sans trame précise au gré des errements des personnages jusqu'au final où, en cherchant enfin à s'émanciper de ce foyer, ils signent finalement leur perte. Sans lieu de retrouvailles, ne reste plus que l'errance et un espoir ténu. Un très beau film encore plus réussit que Red Paper Lantern, porté par une interprétation touchante dont notamment Ryûzô Hayashi épatant en grand frère bourru et Kumiko Akiyoshi, attachante cadette instable.

 Sorti en dvd zone 2 japonais

 

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