Nick Pulovski est un vétéran de la police de Los Angeles aux méthodes peu orthodoxes. Alors qu'ils essayaient de capturer des voleurs de voitures de sport, son coéquipier, Powell, est abattu par leur chef, un certain Strom. David Ackerman, fils d'un richissime homme d'affaires, vient d'entrer dans la police. Il tente ainsi de protéger les innocents et se racheter de n'avoir pas pu sauver son frère, mort à cause de lui dans leur enfance. Choisi pour remplacer Powell et faire équipe avec Pulovski, Ackerman essaie de l'aider à capturer Strom et son gang mais le caractère désagréable de Nick rend leur duo explosif.
En cette fin des années 80, les ambitions de réalisateur de Clint Eastwood se confrontent encore souvent aux impératifs du statut de star de sa carrière d’acteur. Sa filmographie est donc depuis le milieu des années 70 et ce jusqu’au début des années 2000 où il sera plus libre de ses choix, dans une phase « un film pour vous » et un « un film pour moi » dans sa relation avec la Warner. Pour chaque projet qui lui tient à cœur mais aux faibles perspectives au box-office, il accepte en contrepartie de joue ou de réaliser une œuvre plus commerciale. Dans les années 80 notamment, Firefox (1982) alterne ainsi avec le drame Honkytonk Man (1982), le biopic Bird (1988) sort la même année que La Dernière Cible (1988) dernier et très raté épisode de la série des Inspecteur Harry. Cette fois ce sera donc dans la perspective de pouvoir signer le personnel Chasseur blanc, Cœur noir (1990) qu’il réalisera dans la foulée La Relève (1990).
La Relève cède donc à tous les poncifs du très populaire genre du buddy movie, dans le sillage de succès comme 48 heures de Walter Hill (1982) ou L’Arme Fatale 1 et 2 de Richard Donner (1987 et 1990). Malheureusement la loi des contraires n’est pas aussi réussie que le duo du film de Walter Hill, et les personnages n’ont pas l’originalité du torturé Martin Riggs de L’Arme Fatale. Eastwood décalque la formule à la mode du genre, mais de manière très artificielle notamment dans le trauma d’enfance d’Ackerman (Charlie Sheen) supposé le rendre aussi imprévisible qu’un Martin Riggs. Le côté polar urbain est assez raté en ne nous faisant arpenter que superficiellement les bas-fonds de Los Angeles, et l’association vieux briscard dur à cuire/jeune rookie intimidé ne fonctionne pas totalement.Eastwood se régale dans ce registre et son charisme compense sa faible implication émotionnelle (sa réaction face à la mort de son partenaire) mais Charlie Sheen manque vraiment de cette ambiguïté (là où le regard égaré et fou d’un Mel Gibson fait tout), de cette potentielle menace qui rendrait crédible sa bascule dans la dernière partie. On marche sur des rails sans la tonalité âpre des meilleurs Inspecteur Harry, et même dans le polar d’action décomplexé Eastwood a déjà fait bien mieux avec l’excellent L’Epreuve de force (1978) où sous la pyrotechnie il déconstruisait brillamment la figure virile de Harry Callahan. Si l’on accepte de revoir nos attentes à la baisse, La Relève reste néanmoins un polar appréciable dans les standards de l’époque : langage ordurier, gradation dans les scènes d’actions démesurées et violence décomplexée. On peut y voir les prémices de la manière dont Clint Eastwood va déconstruire sa figure de dur à cuire dans des œuvres plus ambitieuses à venir. Le relai est progressivement donné à Charlie Sheen durant le récit qui endosse les principaux morceaux de bravoures et est celui qui règle leur compte aux méchants. De modèle à suivre, Eastwood passe à la victime immobilisée et littéralement violé par une vénéneuse Sonia Braga dans une scène troublante. Il ne peut finir qu’en vieux sage observant les jeunes loups reprendre le flambeau dans une scène finale en écho à la première où c’est Charlie Sheen qui est désormais le mentor actif de la rookie. Donc pas un mauvais moment mais un Eastwood extrêmement mineur.
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Warner
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