Durant la Seconde Guerre mondiale, en
1944, le général Joseph Stilwell ordonne le déploiement en Birmanie des
unités américaines de volontaires destinées à vaincre la résistance de
l'armée impériale japonaise. Parmi elles se trouve l’Unité Galahad
(5307), commandée par le général Frank Merrill, et surnommée "Les
Maraudeurs de Merrill". L'unité, dont le rôle est d'appuyer la Force X
progresse difficilement dans la jungle birmane, d'un point d'attaque à
l'autre, et ses hommes vite épuisés par des marches forcées et des
attaques contre des forces mieux équipées. Le général Merrill souffre
lui-même de problèmes cardiaques, mais le cache à ses hommes et les
exhorte à poursuivre l'avancée.
En 1945, Raoul Walsh réalisait un chef d'œuvre du film de guerre avec son
Aventures en Birmanie,
évocation captivante de campagne de Birmanie. Le film valait surtout
pour ses formidables qualités formelles avec sa jungle filmée avec une
rare puissance par Walsh (et modèle de futurs classique comme le
Predator
de McTiernan), son aura menaçante créé par ses ennemis japonais
invisibles et la hargne de ses affrontements. Cela n'en restait pas
moins un film de propagande, va-t’en guerre et à la gloire des
Etats-Unis où à part la star Errol Flynn les soldats en étaient réduit à
des archétypes et des silhouettes (en plus de fausser la réalité en
montrant une unité américaine seulement alors que cette campagne fut
surtout menée par les armées indiennes, chinoise et britanniques).
Dix-sept ans plus tard, Fuller en réalise donc une sorte de pendant plus
humain, ce qui est finalement normal puisque le réalisateur fut soldat
durant cette guerre en Europe et Afrique du Nord.
Ce réalisme est
renforcé par le fait de traiter de la vraie l' Unité Galahad dite des
"Maraudeurs de Merrill" qui se montra héroïque durant cette campagne
birmane. Les combats sont ici rares et constituent l'aboutissement de
l'endurance et du courage de ses soldats. Les vrais ennemis sont la
jungle, l'humidité, la chaleur et les diverses maladies tropicales qui
amènent des troupes considérablement diminuées sur le front. Fuller nous
dépeint cette communautés avec brio et concision, esquissant les
personnalités de chacun et nous les rendant attachant immédiatement, que
ce soit ce japonais fier de combattre au côté des américains (belle
scène où il se révolte lorsqu'on évoque sa tenue négligée), cet autre
ayant reporté son affection sur sa mule Eleanor.
Au centre du récit on a
surtout la relation père/fils entre le général Frank Merrill (Jeff
Chandler dans son dernier rôle) et le lieutenant Stockton (Ty Hardin).
Tous deux très attachés à leurs hommes ils se différencient pourtant par
leur sens du sacrifice. Stockton fraîchement promu est marqué dans sa
chair à la perte de chacun de ses soldats (la scène où il n'arrive pas à
rédiger des lettres de condoléances) quand Merrill en chef pragmatique
parvient à mettre ses sentiments de côté pour un sens du sacrifice
marqués, surtout pour lui-même comme on le découvrira.
Ce sacrifice
conduira l'unité à renoncer à la rotation promise de longue date pour
une ultime mission désespérée où ils devront traverser jungle, colline
et désert pour aller s'emparer d'une base japonaise. C'est un long
chemin de croix où l'on verra les soldats succomber plus aisément à ce
terrible voyage qu'aux balles même si le danger peut toujours surgir à
tout moment avec les bombardements des avions ennemis. Le conflit moral
est très intense entre les deux héros et Jeff Chandler est formidable en
mêlant brillamment détermination guerrière et réelle compassion. Ty
Hardin déploie un sacré charisme aussi et il est bien dommage que l'on
ne l'ait guère vu dans d'autres rôles majeurs par la suit il en avait
l'envergure.
Fuller filme cela dans un scope de toute beauté,
mettant en valeur les paysages sauvages brûlés par le soleil tout en
restant au plus près de ces soldats. Le film constitue d'ailleurs une
forme de premier aboutissement (avant le définitif
The Big Red One en 1980) de sa manière d'illustrer la guerre et
ses combattants avec nombres de situations et personnages évoquant ces
précédentes incursion dans le genre comme
J'ai vécu l'enfer de Corée (1951) ou
Baïonnette au canon
(1951). L'affrontement final en forme de brutal corps à corps face à un
ennemi supérieur en nombre est donc une belle célébration du courage et
de ses hommes puisant dans leurs dernières ressources pour survivre.
Les combats sont âpres et d'une violence saisissante, le générique
figeant les survivants dans la légende l'armée en les montrant aller
achever cette mission d'assaut plus morts que vifs, la voix-off nous
narrant leur victoire contre tout attente. En se plaçant ainsi à hauteur
d'homme, Fuller vante plus les soldats, leur courage et leur solidarité
que les drapeaux et un quelconque patriotisme.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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