Jusqu'à présent, Joey avait toujours
réussi à jongler entre son job secret au service de la mafia italienne
et son rôle de père de famille. Mais cette fois, le pire est arrivé. Le
meilleur ami de son jeune fils lui a dérobé une arme qu'il cachait dans
sa cave. Au-delà du danger, ce revolver est aussi une pièce à conviction
impliquant les patrons de Joey dans un assassinat explosif. Le gamin
qui l'a pris semble décidé à s'en servir contre son beau-père, un
névrotique appartenant à la mafia russe, qui aurait tout intérêt à ce
que cette preuve tombe entre les mains de la police.
Auteur d'un
Lady Chance
sympathique mais plutôt sobre en guise de premier film, Wayne Kramer
surprenait son monde avec ce second essai qui constitue un des polars
les plus fous sortis ces dernières années. La surenchère du règlement de
compte d'ouverture donne le ton, avec un gunfight sanglant filmé avec
frénésie et un festival d'effet tapageurs par le réalisateur.
La Peur au ventre
est une sorte de mélange improbable entre le polar urbain nerveux et le
conte moderne oppressant (toute proportion gardée) lorgnant sur
La Nuit du Chasseur avec son héros enfantin confronté à la l'horreur.
Un film comme
Le Point de non-retour
tirait son esthétique vers une tonalité psychédélique et une intrigue allant vers l'abstraction et l'expérimental, c'est une démarche
voisine qu'emprunte en quelque sorte à sa façon destroy Wayne Kramer pour s'éloigner de tout réalisme.
L'intrigue est simple : d'un côté Joey un homme de main de la mafia
(Paul Walker) se voit confier l'arme d'un règlement de compte et les
dissimule chez lui mais celles-ci sont dérobées par le meilleur ami de
son fils et gamin à problème Oleg (Cameron Bright) qui va bientôt en
faire usage sur son beau-père qui le brutalise. S'ensuit une folle
course poursuite entre Joey devant retrouver l'arme avant la police, ses
acolytes et la mafia russe et Oleg livré à lui-même face aux dangers de
la ville.
L'ambiance essentiellement nocturne tire donc vers le conte avec un Oleg faisant office de
Petit Chaperon Rouge ou d
'Hansel et Gretel
et à la place du grand méchant loup et autres créatures fantastiques se
dressent sur sa route dealers, proxénètes (et la bonne fée un
prostituée) et pire encore que Kramer entoure d'une aura surnaturelle et
démoniaque en adoptant le point de vue apeuré de l'enfant. La
photographie baroque mêlant couleurs outrancières à des ombres
menaçantes fait de l'espace urbain une forêt aux mille dangers.
La force
du film est le jusqu'auboutisme adopté par Kramer qui avec sa mise en
scène hallucinée nous plonge en plein cauchemar et ne recule devant
aucun excès, nous guidant de surprises en surprises. Le moment le plus
saisissant et discutable reste celui où Oleg se trouve aux mains d'un
couple de pervers à la demeure façon parc d'attraction en forme de piège
bariolé et où Kramer tire ouvertement vers le fantastique avec les
ombres du couple espionnant le héros se transformant en démons derrière
les vitres.
Paul Walker loin de ses rôles de
Fast and Furious
exploite enfin le vrai charisme qu'il possède et étonnamment au vu de
l'excès ambiant montre une vraie sensibilité à travers sa relation à son
épouse jouée par une excellente Vera Farmiga (qui aura droit aussi à sa
rencontre avec le mal absolu au cours de cette folle nuit) et où on
retrouve le gout de Wayne Kramer pour les scènes de sexe assez crues.
La
surenchère est la plus grande qualité mais aussi le petit défaut du
film. Après un climax dantesque dans une patinoire phosphorescente où
Paul Walker est tabassé à coup de palet de hockey, une révélation et un
ultime rebondissement de trop en rajoute quelque peu inutilement même si
apportant certaines explications. Néanmoins un sacré voyage (dont le somptueux générique de fin dessiné confirme le lien au conte) et il est
dommage que l’on n’ait pas eu de nouvelle de Wayne Kramer depuis hormis
un très bon (et une nouvelle fois très différent et ancré dans le réel
cette fois)
Droit de passage en 2009.
Sorti en dvd zone 2 français chez Metropolitan
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