Derrière les mélodies
irrésistibles des Beach Boys, il y a Brian Wilson, qu’une enfance compliquée a
rendu schizophrène. Paul Dano ressuscite son génie musical, John Cusack ses
années noires, et l’histoire d’amour qui le sauvera.
Love and Mercy est
un biopic plutôt réussi qui se penche sur le destin de Brian Wilson,
compositeur de génie des Beach Boys. L’intérêt du film est de se départir d’une
structure linéaire et chronologique de la vie de Brian Wilson comme dans le
standard établis pas nombres de biopics musicaux récents à succès (Ray de Taylor Hackford (2003), Walk the line de James Mangold (2005)). Le
scénario est en effet coécrit par Oren
Moverman, à l’œuvre sur le I’m not there
de Todd Haynes. Ce dernier avait la particularité de faire jouer Bob Dylan par
plusieurs acteurs (et même actrice), jonglant entre les époques de la vie de l’artiste
afin d’en traduire une dimension différente. Love and Mercy reprend l’idée en plus épuré avec un Paul Dano
incarnant Wilson jeune dans les années 60/70, et John Cusack au mitan des
années 80.
Le passé va de l’apogée créative de Wilson à sa déchéance
tandis que le présent le montre au fond du trou avec de retrouver la lumière
grâce à l’amour de Melinda Ledbetter (Elizabeth Banks). L’interprétation et le
travail formel pour différencier les deux époques fonctionnent par contraste. Toute
la flamboyance et l’imagerie pop romantique des sixties se déploient ainsi
avant d’être déformé par les névroses, la famille toxique et les substances
illicites pour Wilson alors que l’imagerie neutre et dépressive du présent
retrouve peu à peu une certaine grâce. Le tout est parfois surligné par une
psychologie à gros trait puisque les deux oppresseurs de Wilson (le père
violent et le Docteur Landy qui exploite et séquestre le musicien en le
bourrant de médicaments) portent le visage de l’acteur Paul Giamatti avec sa
lourdeur coutumière.
Si le dispositif est bien en place et rend la narration
dynamique et limpide, il manque la petite étincelle de génie à la mise en scène
de Bill Pohlad qui reste trop scolaire dans l’ensemble. Il y a cependant une
exception, et de taille, où le réalisateur se montre plus inspiré. La séquence
d’enregistrement du mythique album Pet
Sound est absolument brillante, vraie démonstration d’un génie au travail
et en pleine possession de ses moyens. Les amateurs de Pet Sounds se délectent des détails de production les plus fous (les
vrais chiens finement dirigés pour un aboiement en studio), de la création du
moindre gimmick sonore des innombrables morceaux cultes. L’harmonie musicale et
spirituelle de Wilson avec les musiciens de studios subjugués par sa créativité
passe avec brio par l’image, avant que tout ne se dérègle paradoxalement par la
norme que lui imposent le groupe et sa famille aux impératifs plus commerciaux.
Dès lors Wilson se réfugie pour le pire dans les paradis artificiels, croyant y
trouver l’inspiration alors qu’ils ne sont qu’une échappatoire à son mal-être.
Paul Dano est excellent, le visage poupin à la fois illuminé et hanté.
John Cusack ne démérite pas dans une interprétation plus
éteinte et touchante mais la partie contemporaine est clairement plus convenue.
Il y a nettement moins d’idées visuelles pour traduire l’emprise terrible du
Docteur Landy, le jeu balourd et la moumoute de Paul Giamatti n’aidant pas.
Reste malgré un biopic prenant et bien ficelé.
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez ARP
bonsoir. D'accord avec vous, la première partie est bien meilleure.
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