Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Midi, gare centrale - Union Station, Rudolph Maté (1950)
Lorna Murchison, dont le père possède une
importante fortune, est enlevée par des kidnappeurs qui espèrent
obtenir, en échange de la jeune fille, qui est aveugle, une importante
rançon. Mr Murchison est prêt à obéir aux ordres des ravisseurs mais la
police découvre le drame. La gare centrale est dès lors sous une
constante surveillance...
Midi Gare Centrale est un film noir mené
tambour battant et d'une grand originalité. Le point de départ résulte
d'une suite de hasards et coïncidences qui nous amènent à une situation
inattendue. La police se trouve avoir un coup d'avance sur une affaire
d'enlèvement et va observer à distance les criminels pour préserver la
victime, une jeune aveugle. L'autre point essentiel est le théâtre de ce
jeu de de dupe entre police et kidnappeurs, la gare centrale de Los
Angeles.
Une remarquable épure et efficacité narrative (le long mystère
autour des criminels avant de comprendre qu'il est question
d'enlèvement) introduit la situation, mais aussi ce cadre de la gare.
Rudolph Maté fait exister ce lieu de passage par l'image avec différents
types de voyageurs ou individus louches qui y transitent surveillés de
près par l'unité de police de la gare menée par William Calhoun (William
Holden). C'est une manière limpide de caractériser les personnages en
situations mais aussi de parfaitement dessiner la topographie de la gare
qui aura son importance quand les évènements s'accélèreront.
Le film progresse d'une tonalité froide et méthodique (côté policier
comme criminel) vers une émotion plus appuyée. Ce côté froid atteint des
sommets lors d'une brillante scène de filature dans le métro (qui
préfigure grandement le French Connection
(1971) de William Friedkin), presque 10 minutes de traque muette où l'on
est jamais perdu dans les intentions et suspicions de chacun. Le
professionnel glacial incarné par Holden est cadré par son acolyte plus
truculent que joue Barry Fitzgerald, cette alliance étant nécessaire
face au mémorable méchant qu'impose Lyle Bettger. Son sadisme et sa
brutalité envers sa jeune otage est assez choquants pour l'époque, tout
en laissant deviner une meurtrissure passée qui en fait un être prêt à
tout.
Face à pareille ordure, la police va aussi franchir la ligne rouge
plusieurs fois (incroyable scène d'interrogatoire musclé) un des fils
rouge du récit est l'équilibre à trouver pour Holden entre sa
détermination froide et une certaine forme d'empathie. Cet aspect est
mieux amené lors des interactions avec Barry Fitzgerald que le semblant
de love interest du témoin jouée par Nancy
Olson assez fade. C'est mené tambour battant dans une économie de temps
typique des films noirs sans fioritures d'alors et culmine lors d'une
mémorable course-poursuite finale où l'on a rarement été aussi satisfait
de voir le méchant en prendre pour son grade. Une vraie petite pépite du film noir.
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