Troisième et dernier volet de la saga, Tiger Cage 3 en confirme l’absence de continuité en se délestant d’un des éléments qui constituait le lien tout relatif des précédents films, la présence de Donnie Yen au casting. Après un Tiger Cage 2 (1990) divertissant mais tout de même très éloigné de la tension dramatique de Tiger Cage, ce dernier opus revient à la noirceur et la hargne du film fondateur. On quitte les bas-fonds urbains pour naviguer dans les hautes sphères corrompues du monde des affaires à travers l’enquête menée par James (Kwok Leung Cheung) et John (Michael Wong), inspecteurs à la brigade des finances. Un des thèmes centraux de Tiger Cage portait sur la trahison, dans lequel s’entremêlaient la dimension intime et professionnelle à travers la corruption policière et les liens fraternels d’une unité d’agents. Tiger Cage 3 renoue totalement avec cela et se repose dessus pour donner une portée cathartique aux différents rebondissements.
Côté professionnel, nos policiers sont sur la corde raide de la légalité avec John profitant des informations récoltées durant l’enquête pour spéculer en bourse. Quant à l’intime, James est le petit ami de Suki (Sharla Cheung), assistante de Lee Siu-pong (Wong Kam-kong) homme d’affaires véreux sur lequel il enquête. Cette dangereuse porosité des enjeux va causer des drames profonds débouchant sur une véritable déchéance des protagonistes, désavoués et parias pour certains (John), banni et défiguré pour d’autres (James), et avili et soumis avec Suki. La vengeance devient leur seul moteur, séparément ou unis au gré des circonstances, mais avec des conséquences toujours plus tragiques. Dans un premier temps, cette trame chargée s’avère assez chiche en action, ou du moins celle-ci n’a pas l’inventivité spectaculaire des deux précédents films. Cela vient en partie des interprètes puisque notamment Michael Wong (qui contribue à entretenir le lien avec la série « cousine » Le Sens du devoir puisqu'il joue dans Le Sens du devoir (1986) et Le Sens du devoir 4 (1989)) n’a aucune formation martiale et ne peut reproduire les joutes virtuoses d’un Donnie Yen. Sa carrure en fait néanmoins un convaincant acteur d’action sorti des combats, et c’est d’ailleurs dans ce registre qu’il gagnera ses galons de star en mentor du GIGN hongkongais dans Final Option de Gordon Chan (1994) et ses suites. Malgré tout on a le sentiment que ce déficit le fait entrer et sortir arbitrairement de l’histoire sans savoir que faire de son personnage. Wong Kam-kong est un combattant bien plus accompli mais dépourvu quant à lui du charisme d’un Donnie Yen qui faisait passer la pilule en candide impulsif. Néanmoins au fil de la déchéance notamment physique de James, il gagne en intensité, aidé par le maquillage (certes grossier) défigurant son visage.C’est donc malgré quelques raccourcis les faux-semblants de l’intrigue qui maintiennent l’intérêt pendant une bonne partie du film, Sharla Cheung distillant avec talent un mélange de vulnérabilité et d’ambiguïté. Yuen Woo-ping se repose davantage sur la pyrotechnie pour ses morceaux de bravoures, tel ce combat en pleine mer contre des jet-skis qui convoque des visions improbables mais puissantes comme lorsque James défie au sabre un antagoniste armé d’un lance-roquette. Le contraste entre la sophistication et le luxe du monde des affaires (villa, piscines, soirées mondaines) et les débordements sanglants des affrontements est très réussi. On se souviendra de ce duel dans un terrain vague durant lequel l’on se rend coup pour coup, armé d’une masse ou d’une planche de bois enflammée. Le charisme et les capacités martiales moindre des interprètes est donc certes un manque pour les férus de prouesses à la hongkongaise, mais finalement un petit atout aussi puisqu’il rend les péripéties plus imprévisibles en faisant ressentir une réelle peur pour les personnages. Après la relative légèreté de Tiger Cage 2, cet ultime épisode revient avec talent au désespoir du film fondateur.Sorti en bluray français chez Metropolitan
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