Dans le Pacifique, Bijou, une chanteuse de beuglant, expulsée d’île en île comme un élément perturbateur de boîtes de nuit, où elle provoque régulièrement rixes et destructions de mobilier, échoue avec deux compagnons, à Boni-Komba où elle est engagée au « Seven Sinners ». Elle excite la jalousie de la fille du gouverneur dont les soirées sont désertées par les beaux officiers de marine. Une idylle naîtra bientôt entre Bijou et Dan Brent, jeune et fringant lieutenant de vaisseau.
La fructueuse collaboration de Marlène Dietrich avec Josef von Sternberg, fondatrice de la persona filmique de l’actrice, s’était achevé en 1935 avec La Femme et le Pantin. Marlène Dietrich trouvera dans les années suivantes des rôles où elle saura se réinventer comme Ange d’Ernst Lubisch (1937), des nouveaux genres à explorer comme le polar mâtiné de récit social et triangle amoureux de L’Entraineuse fatale de Raoul Walsh (1941) mais globalement on retrouve souvent une relecture paresseuse de la figure de séductrice aventurière blasée façonnée chez von Sternberg et dans les films de cette période (Le Cantique des cantiques de Rouben Mamoulian (1933)). La Maison des sept péché entre dans cette catégorie, écrin aux numéros de charme et de chant de la star ici en vagabonde des tropiques passant d’île en île après avoir causé dégâts sentimentaux et matériels.
Le scénario joue sur trois registres plus ou moins convaincant pour la caractériser, notamment dans son rapport aux hommes qui l’entourent. Son présent passe par ses deux amis et laquais dévoués peu recommandables, l’ancien de la marine Finnegan (Broderick Crawford) et le pickpocket Sasha (Mischa Auer), son passé sulfureux la hante par la présence du menaçant et possessif Andro (Oskar Homolka) tandis qu’un possible futur heureux et respectable est envisageable avec l’officier de la marine Dan Brent (John Wayne). Le cadre de la boîte de nuit « Seven Sinners » laisse entrevoir toutes ces possibilités. C’est le monde du spectacle où elle est maîtresse, captivant les regards, jouant de sa féminité ou de son androgynie par ses costumes extravagants, déployant son talent et charme canaille au chant. C’est aussi un cadre de séduction plus ou moins vénale (ce n’est jamais dit mais l’on peu soupçonner qu’elle ait vendu ses charmes pour survivre lors de ses pérégrinations) dont elle est coutumière, comme le montre la scène où elle devient instantanément la coqueluche d’un groupe d’officiers le temps d’une partie de billard. Pourtant, les espaces plus isolés du « Seven Sinners » où elle n’a plus à se mettre en scène révèlent une femme plus vulnérable, en quête d’ailleurs comme la séquence romantique du blackout. John Wayne fraîchement starifié après le succès de La Chevauchée fantastique (1939) n’a pas encore la bonhomie mature et sûr de sa force qui le caractérisera par la suite (il n’y a qu’à comparer son autre romance avec une « femme de mauvaise vie » 20 ans plus tard dans Rio Bravo (1959) où la dynamique est très différente avec Angie Dickinson) et s’avère très attachant en jeune premier séduisant mais mal dégrossi. L’alchimie avec Marlène Dietrich fonctionne vraiment, ce qui conduira d’ailleurs Universal à les réunir dans deux autres productions, les westerns Les Ecumeurs (1942) et La fièvre de l’or noir (1942). Tay Garnett parvient par intermittences à distiller la science de son passé comique dans quelques moments burlesque, la beauté formelle du mélodrame dépaysant appréciée dans son somptueux Voyage sans retour (1932) et mettre en valeur le rapprochement d’un couple dissemblable (Voyage sans retour encore, Le facteur sonne toujours deux fois (1946). Mais tout cela ne fonctionne que par segment, le film manque de fluidité et d’un vrai nœud dramatique qui ne fonctionne ici que sur les acteurs - l'arrière-plan social du rejet de Dietrich par la haute société est trop superficiel. On peine à être réellement captivé de bout en bout malgré les qualités indéniables et le rôle de Marlène Dietrich ainsi que le postulat amène forcément à faire la comparaison avec les films de von Sternberg au détriment de La maison des sept péchés. Pas un mauvais moment, mais il manque définitivement quelque chose pour que la magie opère vraiment.Sorti en bluray chez Elephant Films
Bonjour
RépondreSupprimer"John Wayne fraîchement starifié après le succès de La Charge fantastique (1939)" --> Chevauchée, bien sûr. Cordialement
C'est corrigé, merci de votre vigilance !
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