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jeudi 19 octobre 2023

C'est pour toujours - Now and Forever, Henry Hathaway (1934)


 Jerry et Toni, un couple d'arnaqueurs, vivent à l'hôtel depuis un bon moment. N'ayant aucune intention de payer les frais de leur séjour, Jerry a dans l'idée de vendre le droit d'adoption de sa fille Penny, née d'une précédente union. Mais lorsqu'il passe un peu de temps avec la petite fille, il tombe sous son charme et décide de mener une vraie vie de famille. Cependant, les habitudes ont la vie dure...

C’est pour toujours est une charmante comédie qui capture ses participants à des étapes très différentes de leurs carrières. Gary Cooper n’est pas encore devenu l’incarnation de « l’American hero » qu’établira Sergent York de Howard Hawks (1941) ou en plus proche Les trois lanciers du Bengale d’Henry Hathaway (1935). Il est une figure populaire oscillant entre le mélodrame (L’Adieu aux armes de Frank Borzage (1932), Après nous le déluge de Howard Hawks (1933), Soir de noces de King Vidor (1935), Peter Ibbetson de Henry Hathaway (1935) et la comédie notamment chez Lubitsch dans Sérénade à trois (1933) dont ce C’est pour toujours semble prolonge la figure d’attachante canaille globe-trotter, la dimension familiale prenant le pas sur la veine romantique. 

Carole Lombard ici dans un pur rôle dramatique n’a pas encore trouvé sa persona filmique sophistiquée et extravagante qui s’établira dans ses rôles à suivre comme Train de luxe d’Howard Hawks (1934), Jeu de mains de Mitchell Leisen (1934) ou Mon Homme Godfrey de Gregory La Cava (1936). C’est un des rôles qui participe à l’ascension de l’enfant star Shirley Temple et également l’un des films qui précède la mue d’Henry Hathaway vers les projets onéreux à la logistique complexe où sa rigueur en fera l’homme des studios.

Tout cela se bouscule un peu dans les tonalités du film démarrant dans la pure comédie en montrant les aptitudes et le quotidien d’escroc de Jerry (Gary Cooper) dans une existence dont sa compagne Toni (Carole Lombard) est lasse. Elle finit par le quitter pour un temps, ce qui va l’ébranler au moment de négocier l’abandon de ses droits sur sa fille d’un premier mariage, mais face à la bouille charmante de Pennie (Shirley Temple) il finit par accepter de s’en occuper et construire un semblant de cellule familiale classique. Tout tient vraiment au charme des acteurs, notamment l’alchimie entre Cooper et Temple où dès le premier contact, sans savoir qui est qui, la complicité naît. Pennie ravive l’attachement et le sens des responsabilités perdus par son père dans la bagatelle, et ce dernier par sa personnalité fantasque offre une figure paternelle joyeusement maladroite. Les gimmicks comme « Honor Bright » scellent un pacte d’honnêteté que l’ancien arnaqueur met un point d’honneur à respecter, et qui aura ses conséquences plus tard quand les mauvaises tentations referont surface.

La dualité de Jerry et l’amour sincère qui le lie à Toni sont aussi capturé avec une belle justesse. La scène où tout deux se quittent puis se réconcilient en renonçant chacun aux principes de vie ayant mené à cette possible séparation est un beau moment d’émotion où Hathaway fige la photogénie et la vulnérabilité palpable des acteurs est un grand moment. L’intrigue parait par la suite assez convenue mais les enjeux et protagonistes ont été posés avec suffisamment de force pour nous intéresser. Ainsi la déchirante découverte par Pennie du vol de collier de son père (mais surtout le fait qu’il lui a menti et brisé le « Honor Bright ») fend le cœur par les larmes de dépit de la fillette – larmes sincère d’une Shirley Temple dont les producteurs manipulateurs lui ont révélé avant le tournage de la scène le décès accidentel de Dorothy Dell, actrice dont elle s’était rapprochée lors d’un film précédent. Il y a une lente bascule de la comédie espiègle initial vers le mélo pas totalement assumé par le studio qui va couper la fin vraiment dramatique initialement envisagée (et tournée) pour celle du film offrant un bel entre-deux. Un jolie petite œuvre attachante et preuve de la versatilité sans failles d’Henry Hathaway. 

Sorti en bluray français chez Elephant films

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