Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 11 novembre 2012

Baïonnette au canon - Fixed Bayonets!, Samuel Fuller (1951)


Sur le front coréen, en 1951. Les troupes américaines sont en partie contraintes de se retirer sous la pression des forces communistes. Le général Allen doit battre en retraite avec 15 000 hommes. Une escouade de 48 hommes emmenée par le lieutenant Gibbs est envoyée pour masquer la réalité de ce repli. Les hommes doivent tenir bon face à l'ennemi et dans le froid. Le caporal Denno voit ses supérieurs mourir les uns après les autres et doit alors prendre en charge le commandement de l'unité dont il fait partie.


Un an après J'ai vécu l’enfer de Corée, Fuller traitait à nouveau du conflit avec ce film. Avec ces soldats placés en mission suicide, Fuller offre un traitement qui fait la part belle à la psychologie plutôt qu’aux combats. Isolés, sur le qui-vive et subissant la loi des éléments, les soldats sont montrés sous un jour antihéroïque au possible et le film évoque plus le huit clôt en plein air par son atmosphère tendue et étouffante, renforcé par un tournage essentiellement en studio. Le ton change des films de guerre américain des années 40 avec ce conflit aux enjeux nébuleux pour le commun des soldats. C’est d’ailleurs une des tendances de des films traitant de la Guerre de Corée que d’être traversé de ce sentiment de doute, à l’image de La Gloire et La Peur de Lewis Milestone montrant le détachement des politiques fasse à l’enfer traversé par les soldats qu’ils envoient en enfer pour des motifs qui les dépassent.

Dans ce contexte les figures héroïques à la Errol Flynn n’ont plus leur place et c’est ce qui se dégage avec les différents personnages du film comme Denno (Richard Basehart bonne trogne sévère et torturée) qui fuit les responsabilités du commandement et se repose sur ses supérieurs. Gene Evans certes fabuleux en Sergent Rock, leader gueulard et charismatique véritable mentor du héros ne doit son aura positive qu’à son aura de meneur d’hommes et à la psychologie et compréhension dont il est capable avec eux. Les vertus purement patriotiques n’ont plus cours et c’est les qualités humaines, le devoir plus que la défense du drapeau qui amènera nos héros à se dépasser, autant face à l'ennemi qu'à l'adversité du froid.

Les peurs de ces trouffions sont notamment retranscrites par un assez large usage de la voix off et de gros plan visages évocateurs, moyen simple et efficace pour traduire l'état mental et toujours utilisé à bon escient par Fuller. Malgré le décor studio un peu trop visible par instants, les combats qui parsèment le film sont rondement menés, très réalistes au niveau du jeu d'échec stratégique. 

L’ennemi communiste, sans être totalement réduit à une menace invisible acquiert néanmoins une présence fantomatique en surgissant de nul part sans qu'on l'attende ou encore plus indistincte lors des bombardements à distance. La tension s’installe parfois de manière plus manifeste  comme cette scène de traversée de champ de mines particulièrement  et filmé au cordeau par Fuller. Sans être son film de guerre le plus réussi, une vraie réussite pour Fuller.

Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta dans un coffret comprenant le plus patriotique mais efficace "Le Démon des eaux troubles".

2 commentaires:

  1. J'avais tellement aimé "J'ai vécu l'enfer de Corée" et "Verboten" puis été tellement déçue en les revoyant 20 ans après que, du coup, je n'ai jamais osé revoir celui-ci que j'avais aussi beaucoup aimé à ma 1ère vision. Tiendra-t-il le coup dans mon souvenir? Votre chronique très fine me le laisse un peu espérer. Et puis Richard Basehart, quand même...
    En revanche, un qui ne bouge pas à travers les années, c'est "Merrill's Maraudeurs", pour moi son meilleur sur la guerre, au vieux Fuller.
    Note: Dans "Fixed Bayonets", un soldat rampe dans le noir, à demi caché sous son casque, il chuchote quelque chose comme "Ils sont là!", et c'est James Dean. Quand on scrute bien, on le reconnaît. L.F.

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  2. Ah il faudra être attentif au prochain visionnage, James Dean ! Ca me rappelle dans le même genre l'apparition de Clint Eastwood en pilote d'avion dans Tarentula et qu'on ne reconnait que grâce à son regard. Et sinon oui Les maraudeurs attaquent doit être mon film deguerre favori de Fuller aussi.

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