Ali (Matthias
Schoenaerts), jeune marginal sans le sou, quitte la Belgique avec son jeune
fils Sam (Armand Verdure) pour la Côte d'Azur. Il est hébergé à Antibes dans le
garage du pavillon de sa sœur (Corinne Masiero), une caissière de supermarché
qui compagnonne avec un chauffeur de poids lourd. Engagé comme videur dans une
boîte de nuit, un soir, il sort Stéphanie (Marion Cotillard) d’une bagarre à la
sortie de la boîte, la raccompagne chez elle et lui laisse son téléphone. Stéphanie
est dresseuse d'orques au parc aquatique d'Antibes. Suite à un choc violent
avec un des mammifères, elle est amputée des deux jambes. Désespérée de se
retrouver en fauteuil roulant, elle appelle une nuit Ali qui la rejoint et
décide de l'aider. Entre eux se noue une relation singulière faisant évoluer
les deux protagonistes.
Jacques Audiard décevait pour la première avec De Rouilles
et d’os, perdant la finesse et l’originalité qui l’aura accompagné dans une
filmographie jusqu’ici remarquable. Le problème, c’est que Jacques Audiard nous
a déjà racontée cette histoire en bien mieux Sur mes lèvres. Une femme complexée
(Emmanuelle Devos/Marion Cotillard) rencontre un gros rustre mal éduqué
(Vincent Cassel/Matthias Schoenaerts) dont elle va tomber amoureuse, les deux
vont unir leur force dans un but commun et au bout du chemin l'homme apprendra
à "mériter" la femme et à l'aimer pour de bon. Alors que Sur mes
lèvres s'inscrit dans le genre calibré du polar, Audiard sous la précision de
son scénario laissait la place à la respiration, à l'inattendu et aux zones
d'ombre dans un flou se mêlant idéalement à la rigueur de son écriture.
On perd tout cet équilibre ici, tout est lourd et surligné,
gâchant une émotion pourtant bien présente (le réveil de Cotillard, la première
nage avec Ali) mais l'intrigue est lâche et ne va réellement nul part (le film
sportif, le film social avec la sous-intrigue des caméras de surveillance rien
ne marche) et fait perdre progressivement l'intérêt malgré les beaux
personnages principaux. La rigueur d’Audiard lui joue cette fois des tours car
il se force à intégrer des sous-intrigues se fondant mal au seul vrai enjeu, le
rapprochement entre Ali et Stéphanie. Quand le polar servait d’accélérateur et
renforçait les rapports du couple, tout ce qui les entoure ici alourdit
inutilement l’ensemble.
Le summum est atteint à la fin avec rebondissement que l'on
voit venir de loin et qui enfonce le film dans le pathos le plus appuyé. On
entrevoit le mélodrame sensible et plus épuré attendu par la grâce des acteurs avec une Marion Cotillard. Matthias
Schoenaerts n’a pas la subtilité d’un Vincent Cassel sous la rudesse et refait à
l’identique son numéro de Bullhead (2011) en brutasse au cœur gros comme
ça. Une déception, la première avec le cinéma de Jacques Audiard, dommage car
tout était pour un grand film.
Sorti en dvd zone 2 français chez UGC Vidéo
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