Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 11 décembre 2014

De rouille et d'os - Jacques Audiard (2012)


Ali (Matthias Schoenaerts), jeune marginal sans le sou, quitte la Belgique avec son jeune fils Sam (Armand Verdure) pour la Côte d'Azur. Il est hébergé à Antibes dans le garage du pavillon de sa sœur (Corinne Masiero), une caissière de supermarché qui compagnonne avec un chauffeur de poids lourd. Engagé comme videur dans une boîte de nuit, un soir, il sort Stéphanie (Marion Cotillard) d’une bagarre à la sortie de la boîte, la raccompagne chez elle et lui laisse son téléphone. Stéphanie est dresseuse d'orques au parc aquatique d'Antibes. Suite à un choc violent avec un des mammifères, elle est amputée des deux jambes. Désespérée de se retrouver en fauteuil roulant, elle appelle une nuit Ali qui la rejoint et décide de l'aider. Entre eux se noue une relation singulière faisant évoluer les deux protagonistes.

Jacques Audiard décevait pour la première avec De Rouilles et d’os, perdant la finesse et l’originalité qui l’aura accompagné dans une filmographie jusqu’ici remarquable. Le problème, c’est que Jacques Audiard nous a déjà racontée cette histoire en bien mieux  Sur mes lèvres. Une femme complexée (Emmanuelle Devos/Marion Cotillard) rencontre un gros rustre mal éduqué (Vincent Cassel/Matthias Schoenaerts) dont elle va tomber amoureuse, les deux vont unir leur force dans un but commun et au bout du chemin l'homme apprendra à "mériter" la femme et à l'aimer pour de bon. Alors que Sur mes lèvres s'inscrit dans le genre calibré du polar, Audiard sous la précision de son scénario laissait la place à la respiration, à l'inattendu et aux zones d'ombre dans un flou se mêlant idéalement à la rigueur de son écriture.

On perd tout cet équilibre ici, tout est lourd et surligné, gâchant une émotion pourtant bien présente (le réveil de Cotillard, la première nage avec Ali) mais l'intrigue est lâche et ne va réellement nul part (le film sportif, le film social avec la sous-intrigue des caméras de surveillance rien ne marche) et fait perdre progressivement l'intérêt malgré les beaux personnages principaux. La rigueur d’Audiard lui joue cette fois des tours car il se force à intégrer des sous-intrigues se fondant mal au seul vrai enjeu, le rapprochement entre Ali et Stéphanie. Quand le polar servait d’accélérateur et renforçait les rapports du couple, tout ce qui les entoure ici alourdit inutilement l’ensemble. 

Le summum est atteint à la fin avec rebondissement que l'on voit venir de loin et qui enfonce le film dans le pathos le plus appuyé. On entrevoit le mélodrame sensible et plus épuré attendu par la grâce des  acteurs avec une Marion Cotillard. Matthias Schoenaerts n’a pas la subtilité d’un Vincent Cassel sous la rudesse et refait à l’identique son numéro de Bullhead (2011) en brutasse au cœur gros comme ça. Une déception, la première avec le cinéma de Jacques Audiard, dommage car tout était pour un grand film.

Sorti en dvd zone 2 français chez UGC Vidéo

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