Tung est un jeune
homme anéanti par le départ de sa copine. Il part s'installer près de Nanyang
Street, quartier de Taipei reconnu pour ses écoles préparatoires. Il commence à
travailler dans le magasin de photocopies en bas de chez lui et va rencontrer
une jeune enseignante lunatique et effacée, Yang. Elle a pour habitude de
dessiner des moutons dans les feuilles d'examens distribués à ses élèves. Tung
est intrigué par ces griffonnages et, sur un coup de tête, dessine un loup sur
la copie originale de l'un d'eux. Yang et Tung vont alors dériver lentement
l'un vers l'autre...
When A Wolf Falls in
Love with a Sheep est le second film du réalisateur taïwanais Hou Chi-jan
qui nous offre ici une sorte de croisement réactualisé des fameux Chungking Express de Wong Kar Wai (1994)
et Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain
de Jean-Pierre Jeunet. Il sera donc à nouveau question de jeunes gens soignant
leurs maux intimes en enchantant leur environnement. Tung (Ko Kai) brisé par le
départ de sa petite amie. Il s’installe ainsi dans un quartier réputé pour ses
écoles préparatoires où il espère secrètement la recroiser. La rencontre avec
Yang (Chien Manchu) jeune enseignante rêveuse et mélancolique à ses heures sera
la possibilité d’une guérison et possible belle romance.
La réussite de Chungking
Express et Amélie Poulain
reposait sur l’habile dosage entre spleen flottant et réalisme urbain
progressivement transcendé par la candeur et fantaisie de ses protagonistes.
Pour ce qui est de la fantaisie, Hou Chi-jan déploie tout un arsenal d’atouts
formels modernes et percutants allant de la stop-motion à l’animation classique.
Malheureusement la transition nécessaire entre la réalité du cadre et son
émerveillement progressif par le tempérament des héros ne fonctionne pas tant
les effets tape à l’œil semblent omniprésent sans progression ni équilibre dans
la fantaisie. Les idées narratives ludiques ne manquent pas à commencer par la
complicité dessinée entre Tung et Yang avec ce loup et ce mouton, mais l’ensemble
manque trop d’aspérités. Le réalisateur parvient à faire exister ce quartier de
Nanyang à Tapei dans ces spécificités (la starifications des professeurs, la
multiplicité des cours, l’activité des magasins de photocopie) et ces légendes
cachées (la charmante histoire du vendeur de riz masqué et péroxydé) mais ne
dépasse pas l’esthétique un peu superficielle et aseptisée pour l’illustrer.
Cette mièvrerie contamine aussi l’interprétation guère
convaincante, là aussi la photogénie et la candeur ne suffisant pas à l’empathie.
Dans l’ensemble tout est là pour susciter charme et émotion (les seconds rôles
décalés, la jolie dernière scène) mais ce côté lisse en fait un bien tiède
avatar des modèles évoqués, dommage.
Sorti en dvd et bluray chez Spectrum
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